Le Bloc Libéral propose la mise en place d’un centre de mémoire pour les victimes des répressions politiques

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Le Bloc Libéral (BL), à travers son président Dr Faya Millimono et les membres de sa commission en charge des questions de droit de l’homme a annoncé mercredi lors d’une conférence de presse sa décision de proposer la mise en place d’un Centre de Mémoire pour les Victimes des Répressions Politiques en République de Guinée (CMVRP).

Les objectifs du Centre sont : promouvoir une société civile mature et une démocratie fondée sur une société de droit, de façon à prévenir le retour de la violence en Guinée ; aider à une prise de conscience publique, sur la base des valeurs de la démocratie et du droit de manière à se débarrasser des schémas totalitaires et à implanter solidement les droits de l’homme dans la vie politique publique en Guinée ; promouvoir la manifestation de la vérité sur le passé, et perpétuer la mémoire des victimes de la répression politique exercée par les régimes politiques ; les processus de travail de mémoire sont des processus difficiles et douloureux, qui prennent du temps et ne se font pas tout seul.

Le BL justifie sa décision par le fait qu’en Guinée, la pluparts des victimes de répressions politiques, sont laissées pour compte. Ne bénéficiant ni de soutien psychologique, ni d’aide financière, et aux traumatismes de la violence vient s’ajouter la non-reconnaissance de leurs souffrances. Le BL propose à cet effet, la mise en place de ce centre qui, précise-t-il, ne doit pas être un lieu de haine, mais un lieu de recueillement et d’apprentissage, si possible aussi un lieu de rencontre et d’échange.

Selon Algassimou Ousmane Souaré, membre de la commission des droits de l’homme du BL, l’objectif visé par le parti est d’en faire un lieu dynamique. Le parti cite l’exemple des monuments érigés à Dachau et dans d’autres villes des environs de Munich (Allemagne), qui commémorent la marche de la mort d’avril 1945. En avril 1945, à l’approche des troupes américaines, les SS évacuent 10.000 détenus du camp de Dachau et les poussent dans une marche forcée, d’environ 70 km, vers le Sud de Munich. « On estime qu’un tiers des détenus sont morts dans cette marche, d’épuisement, de faim, ou d’exécution directe par les SS qui les surveillaient. Aujourd’hui, dans les 23 communes bavaroises qui ont été traversées par la marche, existe le même monument à la mémoire des détenus morts ou survivants, et chaque année, une marche commémorative rassemble des citoyens, reliant plusieurs de ces monuments et communes. Ainsi, ces monuments deviennent-ils vraiment des lieux de mémoire vivante ».

A Munich, ville proclamée « capitale du mouvement national-socialiste » par Hitler et qui joua un rôle-clé pour le Troisième Reich, ce n’est que maintenant, plus de 60 ans après la fin de la guerre, qu’on est en train de construire un centre de documentation sur l’histoire du national-socialisme, pour illustrer les mécanismes de la montée du nazisme. Le processus de confrontation avec le passé est aussi une conquête permanente, qui doit répondre à des attitudes comme celle qui préconise « on en a assez parlé », et qui doit trouver des façons intelligentes pour intéresser les jeunes générations à l’histoire complexe de leurs pays et de l’Europe.

Pour le BL, si rien n’est fait, si un parti politique n’en fait un objectif historique, rien ne garantit que la Guinée regarde un jour d’une manière directe et critique son passé. Dans l’histoire du monde, a rappelé M. Souaré, il existe des exemples. Le plus éloquent est celui de la Turquie. En effet, plus de cent ans après, le génocide des Arméniens de 1915 sont toujours nié par une très grande partie de la société turque. Tout dépendra de l’évolution politique du pays. Or, a-t-il souligné, la situation en Guinée semble aujourd’hui particulièrement figée et on voit mal une issue aux blocages actuels si un parti politique ne prend pas le leadership et mobilise les différents acteurs pour faire le premier pas.

Le BL sollicite le soutien de la Communauté internationale pour la mise en place de ce projet « afin que la construction de l’avenir de la Guinée ne se fasse pas contre ou malgré, mais avec les victimes de la répression politique ».

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