Kindia : de nombreux acteurs en conclave sur la problématique de la réconciliation nationale

Les rideaux sont tombés ce samedi, 28 décembre 2019, sur un débat axé sur la situation de la réconciliation nationale en Guinée, dans la préfecture de Kindia. Pendant 2 jours, les jeunes élèves, étudiants, professeurs, les membres des partis politiques et de la société civile, ainsi que des religieux ont renforcé leurs capacités en approche de réconciliation et la stratégie de la non-violence, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.

C’est un projet initié par la Coalition Nationale en Appui à la Réconciliation Nationale (CONAREG) et ses partenaires locaux, à savoir l’OGDH, l’AVIPA et COJEDEV.

Bah Sidi Mohamed, coordinateur de Basse Guinée du projet prévention de la violence

Mais, pourquoi le film et les cartes corporelles ? Le coordinateur Basse Guinée du projet prévention de la violence et consultation communautaire explique : « c’est dans le cadre de la promotion de la justice transitionnelle et de la réconciliation nationale qui est amorcée en Guinée. Donc, nous sommes là pour travailler avec les jeunes et les leaders religieux pour mettre en place un réseau local qui sera affilié à la CONAREG et qui pourra venir en soutien à l’ensemble des efforts que nous avons déjà consentis pour parvenir à aboutir à la véritable réconciliation nationale dans notre pays. Nous avons donc profité de cette occasion pour projeter ce film, faire la lecture des cartes corporelles, parce que la quasi-totalité des jeunes sont dans la méconnaissance totale de notre Histoire. Surtout en terme de violentions des droits de l’Homme. Donc, c’est pour faire un récapitulatif par rapport aux anciens souvenirs douloureux enregistrés dans notre pays afin que cette génération s’imprègne des réalités de notre pays pour être des messagers de la paix » a précisé monsieur Bah Sidi Mohamed.

Zézé Guilavogui, chargé de projet du Consortium des Jeunes Associations pour la Défense des Victimes des Violences

Jean Zézé Guilavogui, chargé de projet du Consortium des Jeunes Associations pour la Défense des Victimes des Violences, est revenu sur la culture de la non-violence et sur la réconciliation nationale. « Nous sommes à Kindia dans le cadre de la réalisation des activités du projet intitulé La prévention de la violence par des consultations communautaires. Pour cela, il faut forcement travailler avec les communautés pour leur permettre d’être acteur de la non-violence et faire la promotion de la réconciliation nationale parce qu’aujourd’hui, on est vraiment bloqué. Donc il faut un lobbying qui pourrait débloquer la situation », explique Jean Zézé Guilavogui.

Pour lui la réconciliation est bien possible en Guinée. Car selon lui, la situation particulière de la Guinée, c’est entre les gouvernements qui se succèdent et la population. « A l’image des autre pays qui ont aussi connu plus d’atrocités que le nôtre, je pense que c’est possible, parce que la situation particulière guinéenne, c’est entre la Guinée, autrement dit les gouvernements guinéens qui se sont succédé et les populations. Je pense que c’est aussi très simple que ça. Parce que les mécanismes de justice transitionnelle s’adaptent en fonction des réalités que traverses le pays »

Au cours de cette rencontre, les participants ont été impactés non seulement par l’histoire retracée dans les cartes corporelles, dont certain fils du pays ont vu leur rêve brisé en chemin, mais aussi par la projection d’un film de 1h 07 minutes intitulé « le long chemin vers la réconciliation ». Un film qui montre le visage de la Guinée dans des régimes qu’elle a connu et surtout qui ressortait également les vandalismes, les viols et tueries, lors des manifestations dans notre pays.

Kourouma Michel, directeur des études au collège de Sambaya

Les participants à cette rencontre n’ont pas caché leur satisfaction devant le contenu des échanges. Kourouma Michel, directeur des études au collège de Sambaya : « je sors de cette formation comme si j’étais victime directe, en me mettantà leur place. Donc, ça me conscientise à préparer la mémoire des générations à venir pour ne pas que de telles violences se répètent dans notre pays ».

Fatou Dramé, élève en classe de Terminale au Groupe Scolaire Privé la Francophonie

Fatou Dramé, élève en classe de Terminale, au Groupe Scolaire Privé la Francophonie : « j’ai appris beaucoup de choses à travers ce documentaire. D’abord, un réveil de conscience ; ensuite, j’ai su que la plupart des victimes des violences ont souffert mais ils n’ont pas délaissé. D’autres par contre se sont lancées en défenseures des Droits de l’Homme pour dire que la génération montante peut faire mieux en oubliant tout ce qui s’est passé hier, fermer les yeux pour que la Guinée puisse avancer et fermer les yeux pour dire que ma Guinée à moi ne connaisse plus ces violences sans justice, pour un lendemain meilleur ».

Elhadj Oumar Camara, imam de la Gare

Selon Elhadj Oumar Camara, imam de la Gare, cette rencontre vient à point nommé : « je suis très ravi de ce débat entre les fils de mon pays en cette période un peu tendue. Il faut que nous sachions que la Guinée n’appartient pas à un individu. Donc, faisons tout possible pour ne pas qu’elle brule. Pardonnons-nous pour les erreurs et violences du passé pour la quiétude sociale et le développement de notre cher pays ».

Diallo Aminata, enseignante au collège Tafori

Pour Diallo Aminata, enseignante au collège Tafori, la réconciliation serait possible si la justice guinéenne fait bien son travail : « moi, je pense que la réconciliation serait possible ici, en mesure que l’Etat dise la vérité aux victimes pour qu’elles cessent de pleurer. Quand on veut aussi parler de la réconciliation, il faut qu’il y ait aussi la justice. Si toute fois la justice n’est pas rendue, et que les victimes se sentent toujours lésées, ce n’est pas facile de parler de la conciliation », martèle Diallo Aminata.

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