Violation des droits de l’Homme en Guinée : ce que demande l’ONG COJEDEV pour les victimes

Ces dix dernières années, le jalonnement sociopolitique de la Guinée a été marqué par de nombreuses violences qui ont fait plusieurs morts et blessés à Conakry et dans plusieurs préfectures de l’intérieur du pays. Mais, l’Etat peine encore à établir les responsabilités, à identifier les coupables et à rendre justice aux victimes et à leurs famille.

C’est pourquoi, en conférence de presse hier, mercredi 10 février 2021, le consortium des associations des jeunes pour la défense des victimes des violences en Guinée (COJEDEV-Guinée) a jugé utile de rendre public les résultats de son projet pilote qui s’inscrit dans le cadre du plaidoyer en faveur des victimes des violations des droits de l’Homme dans la période 2010-2019. Cette ONG a également plaidé en faveur de l’indemnisation provisoire des communautés victimes à Conakry et à N’Zérékoré (les deux régions les plus touchées), rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Pour mener à bien ce projet, COJEDEV-Guinée et ses partenaires ont déjà identifié et formé 120 victimes de violations de droits de l’Homme dans les régions de Conakry et N’zérékoré sur la politique de la justice transitionnelle. Et, pour le président de cette ONG, la présente démarche vise à inciter l’Etat à regarder d’un autre œil la situation de détresse dans laquelle se trouve aujourd’hui les victimes des violences qui ont marqué l’histoire récente de la Guinée.

« Nous avons animé ce point de presse pour rendre public les résultats d’un projet pilote que nous développons actuellement dans le cadre du plaidoyer en faveur des victimes de violations des droits de l’homme de la période 2010-2019, sur l’indemnisation provisoire de ces communautés victimes. Chose qui a toujours été au centre des accords politique guinéens depuis 2013 ; mais qui, malheureusement, n’a été jamais respecté. C’est pourquoi nous avons initié ce projet avec notre partenaire qu’est le fonds africain pour la justice transitionnelle, pour organiser un plaidoyer au niveau national et africain, pour que la Guinée, à l’instar des autres pays qui ont connu un passé douloureux avec des graves violations des droits de l’homme, s’inspire de cette politique pour mettre en place un fonds de réparation provisoire en faveur des victimes. Parce que beaucoup d’entre elles vivent dans les situations de précarité, d’abandon et de détresse totale. Et, cela doit interpeller l’État. Parce que ces gens-là attendent beaucoup de l’État sur les questions d’accès à la justice, mais aussi de réparation », a expliqué Boussiriou Diallo.

Selon le président de COJEDEV-Guinée, ce projet va couvrir les deux grandes régions de Conakry et de N’zérékoré, pour ce premier temps. « Parce que ce sont les deux régions qui ont été plus touchées sur les questions des droits de l’homme depuis 2010. Donc, ce n’est pas de la discrimination que nous faisons, nous tenons compte des indicateurs visibles et palpables pour pouvoir soumettre nos projets à nos partenaires. À Conakry nous avons connu 200 et quelques morts. Donc, nous avons estimé qu’il y a eu plus de victimes dans ces deux régions dans cet intervalle », a-t-il justifié ce choix.

Pour COJEDEV-Guinée, il est temps que l’Etat guinéen mette en place un fonds d’urgence pour accompagner les victimes et appliquer la politique de justice transitionnelle de l’Union africaine (UA).

« Nous demandons à l’État guinéen de traduire en action concrète la politique de l’Union africaine sur la justice transitionnelle. L’État doit aussi respecter ses engagements sur les questions des droits de l’homme. Mettre en place un mécanisme de réparation provisoire pour permettre aux victimes qui ont des difficultés quotidiennes de faire face à certains besoins comme l’éducation des enfants… », a dit Boussiriou Diallo.

Noter que dans l’avenir, ce consortium d’ONG compte élargir ce projet sur l’ensemble du territoire national pour toucher toutes les victimes partout où elles se trouvent en Guinée

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