Un Martyr, un Poème :
En ce jour de septembre, 28 septembre de l’an du seigneur 2009,
Jour historique, hautement symbolique pour la Guinée et son peuple,
En cette paisible matinée de Septembre,
Tous les chemins mènent au stade !
Stade de la Liberté, Stade de la Mort
En ce jour fatal, vous aviez rendez-vous :
Rendez-vous avec l’Histoire, Rendez-vous avec la Mort, Rendez-vous avec la Liberté.
En 1958 déjà, la Guinée notre chère Patrie; la Guinée que vous aimez tant,
La Guinée pour laquelle vous avez consenti à verser votre sang,
La Guinée disais-je avait su dire Non.
Non à la colonisation, Non à l’esclavage !
A votre tour, et sans détour,
En bons et loyaux patriotes,
Parfaitement en phase avec votre temps,
Tout comme vos compatriotes en leur temps,
Vous avez bravé oracles et obstacles,
Vous avez bravé forces occultes et forces incultes,
Vous avez bravé les escadrons de la mort…
Vous étiez cent, vous étiez quatre cent,
Vous étiez mille, vous étiez quatre cent mille…
Qui jamais pourra nous dire exactement votre nombre ?
Et comme un seul homme, vous avez pris d’assaut le stade,
Et brisé les chaines de la haine,
Vous avez brisé les chaines de la peur et de la torpeur,
Vous avez brisé les chaines de l’intimidation et de l’humiliation!
Comme un seul homme, vous avez fait sauter les verrous de la dictature,
Et ouvert les portes de la Liberté,
Pour crier votre désarroi et faire entendre votre voix :
La seule qui, en ce jour historique, compte !
Pour dire un mot, mais un seul,
Le seul qui, en ce jour historique, compte :
Non, Non, Non et Non !…
Non à la fermeture, Non à la forfaiture,
Non à l’imposture, Non à la démesure,
Non à la candidature, Non à la dictature…
Non, Non, Non et Non !…
En ce jour irrémédiablement fatal et dans ce stade ouvert,
Dans ce stade paré de Rouge, de Jaune et de Vert,
Dans ce stade non couvert, la terreur était totale ;
Dans ce stade archicomble,
L’horreur était à son comble…
Et vos cris, c’est à peine s’ils n’ont pas transpercé le ciel de Guinée,
Pour se hisser au firmament de la Liberté ;
Vos cris, tel un écho, retentissent encore et encore, en chœur,
Dans nos oreilles et dans nos cœurs…
Vous voilà partis, à jamais libres,
Inscrivant au passage en lettres de sang votre nom au panthéon de la liberté,
Vous voilà partis à jamais libres !
Trêve de combat…
Vous êtes partis comme vous étiez venus :
Dans la Dignité, dans la Liberté !
Vous voilà partis à jamais libres :
Libres vis- à-vis de votre patrie ;
Libres vis-à-vis de vos compatriotes ;
Libre vis-à-vis de vous-mêmes,
Vous voilà partis à jamais libres !
Partis avec la certitude du devoir accompli,
Vous voilà partis à jamais libres…
Adieu ! Chevaliers de la Liberté !
Adieu ! Vainqueurs de la mort !
Adieu ! Combattants de l’Histoire…
Que la terre de Guinée que vous avez tant aimée et servie,
La terre de Guinée qui vous a vus naître et disparaître,
Vous soit légère…
Et qu’Allah le Tout- Puissant,
Propriétaire des jours heureux et des jours malheureux,
Vous accorde s grâce infinie,
Et vous accueille dans son Paradis Eternel…
Vous voilà partis à jamais libres !
Liberté !Dignité !Paix !
Gobaye Madiou, frère de Sang